La diversité, miracle ou mirage ?
1. Quand la richesse devient fracture
Une entreprise recrute à l’international, prône l’inclusion, multiplie les profils atypiques. Sur le papier, tout est parfait. Et pourtant, au bout de six mois, les tensions s’accumulent.
Réunions chaotiques, blagues mal interprétées, malaises persistants. Chacun reste entre “ceux qui lui ressemblent”.
Ce n’est pas la diversité qui pose problème. C’est l’absence de codes communs pour la faire vivre.
Et c’est là que tout bascule : sans cadre, la diversité n’unit pas. Elle fragmente.
2. La diversité n’est pas une solution : c’est un potentiel brut
On la vend souvent comme un “atout stratégique” : plus de diversité, c’est plus de points de vue, plus d’innovation, plus de performance.
Mais ce lien n’est ni automatique, ni magique.
La diversité, c’est la coexistence de différences qui ne devient une force que si elle est ritualisée.
Sinon, elle produit des silos, des incompréhensions, ou pire, des conflits latents.
Le sociologue Michel Wieviorka le résume avec justesse :
“La diversité brute ne fait pas société, elle la défait. Il faut l’encadrer pour qu’elle produise du commun.”
Autrement dit, sans narration commune, la diversité n’est pas un moteur. Elle devient un champ de mines.
3. Exemple réel : diversité sans cohésion = implosion silencieuse
En 2018, une grande ONG humanitaire lance une task force “jeunes talents” issue de 12 pays.
Objectif : réinventer l’organisation depuis la base.
Mais aucune structure n’est prévue pour gérer les différences culturelles, les styles de communication, les rapports à l’autorité.
Résultat ? Malentendus en chaîne, perte de confiance, turn-over rapide.
À l’inverse, dans une école de commerce française, une “semaine des cultures” permet aux étudiants de co-construire des rituels, de partager leurs références, de créer un récit commun.
Ce n’est pas la diversité qui a fait le lien. C’est le rituel qui l’a rendue vivable.
4. Conclusion : pas de diversité sans liturgie
Un collectif hétérogène ne tient pas par miracle. Il tient parce qu’il crée des ponts symboliques, des rituels qui permettent de dépasser les malentendus.
Fêter une réussite, nommer les tensions, raconter ensemble ce qui nous unit malgré tout — voilà ce qui transforme la diversité en cohésion.
La diversité est un carburant. Le rituel est le moteur. La cohésion est le trajet.
Encore faut-il vouloir le parcourir ensemble.
Pour approfondir ce thème :
Retrouvez notre article de fond
Culture Gé Pour Comprendre,
Des Savoirs pour Agir, pas pour Briller.